jeudi 13 mars 2008

UNE LITTERATURE A DECOUVRIR

QUELQUES ECRIVAINS ISRAELIENS
le poète est un phare qui éclaire l'hummanité , alors pourquoi boycotter la littérature d'un pays.les poètes écrivains et penseurs d'un pays tel qu'il soit sont porteurs d'idées nouvelles. c'est par la littérature & le dialogue entre les cultures que la paix avancera , alors le salon était une occasion . Elle sera manquée une fois plus . domage.......................................
Amos OzEn Israël,

Amos Oz est un porteur de lumière, à la fois une autorité morale et un romancier éblouissant. En le lisant, on fait provision de sacré car ce prophète égaré dans une époque déchirée ne cesse de labourer la mémoire de sa patrie, pour en exhumer les racines émotionnelles et spirituelles. Né à Jérusalem en 1939, Oz a travaillé à 17 ans dans un kibboutz, avant de devenir le chef de file de l'intelligentsia, de fonder le mouvement «La Paix Maintenant» puis de militer farouchement contre la guerre et contre toutes les formes de fanatisme.
Quant à son oeuvre littéraire, elle fait magnifiquement chanter l'hébreu - «il vit en moi, c'est mon violon», dit-il - tout en se heurtant au mur des Lamentations d'une Histoire qu'elle interpelle depuis La boîte noire, prix Femina étranger en 1988. Et s'il fallait choisir deux titres, ce serait d'abord Seule la mer (Gallimard), un roman à la fois chevillé au présent et tout entier nourri de l'Ancien Testament, avec une cascade d'intrigues amoureuses qui s'entrecroisent comme les motifs d'une tapisserie. Et il y a, bien sûr, ce magistral récit autobiographique, Une histoire d'amour et de ténèbres (Gallimard), qui, au-delà de l'anecdote personnelle, met en scène tout le destin d'Israël. Oz y évoque la douloureuse épreuve de la diaspora juive avant de faire renaître la figure de sa mère, qui s'est suicidée quand il était adolescent. Sa disparition hante ces pages où se conjuguent la mémoire d'une Europe disparue, le devenir d'un peuple et les blessures d'un homme. Lequel peut aussi nous inviter à moins de gravité lorsque, dans Vie et mort en quatre rimes, son dernier roman, il se livre à un brillant et cocasse numéro pour nous dévoiler les secrets de la création littéraire. D'un registre à l'autre, Oz ne cesse de faire des prodiges. A quand le Nobel?


David Grossman

David Grossman, né à Jérusalem en 1954, appartient à la génération du désenchantement qui conteste depuis longtemps la politique sioniste. Il s'est fait connaître à la fin des années 1980 avec Le vent jaune, un reportage en Cisjordanie qui était aussi un implacable réquisitoire contre la politique d'occupation d'Israël. Le miracle, c'est que le très politisé Grossman a pu devenir un romancier de haut vol. «L'écrivain, dit-il, ne peut accepter que l'Histoire confisque sa sensibilité, sa tendresse. Je refuse de considérer ma vie intérieure comme une zone de guerre. Ce serait un quasi-suicide.» Ecrire, pour lui, c'est reprendre possession de l'intimité, cultiver un jardin secret où les rêves ne sont pas en jachère, même à l'heure du couvre-feu. Ce pari, le romancier l'a gagné. En s'imposant comme l'écrivain le plus inventif d'Israël. Aussi y a-t-il plusieurs Grossman. Celui qui, dans le bouleversant Voir ci-dessous: amour, dévoile les séquelles de la Shoah sur les rescapés. Celui qui renoue avec le roman d'amour épistolaire (Tu seras mon couteau), qui donne la parole à un Palestinien des territoires occupés (Le sourire de l'agneau), qui écrit des contes chevaleresques dont les héros sont des ados débarqués de chez Salinger (L'enfant zigzag, Quelqu'un avec qui courir), ou qui signe un délicieux conte moral sur l'inépuisable thème de la confusion des sentiments (J'écoute avec mon corps).
Grossman vient de publier un recueil d'essais précieux, Dans la peau de Gisela. Il y parle de la tragique disparition de son fils, tué au Liban en août 2006, mais aussi des livres qui l'ont nourri, du quotidien dans son pays, d'Yitzhak Rabin ou de «la paix improbable». Avec ces mots qui résument parfaitement Grossman: «En écrivant, je découvre que, grâce à la relation de tendresse et d'intimité que j'entretiens avec le langage, je redeviens celui que j'étais autrefois, mon moi avant qu'il ne soit nationalisé, confisqué par le conflit, le désespoir et la tragédie.»


Avraham B. Yehoshua

Né à Jérusalem en 1936 dans une famille séfarade, farouche partisan d'un dialogue entre Juifs et Arabes, Avraham B. Yehoshua n'a cessé de s'engager pour la paix, en Israël. Mais son oeuvre, elle, ne s'enlise jamais dans l'ornière du militantisme. Elle forme une subtile tapisserie où la psychologie se mêle à l'Histoire, pour montrer comment trente ans de guerre ont bouleversé la vie spirituelle, les émotions, les amours et les destins des Israéliens.
De roman en roman, l'inspiration de Yehoshua ne cesse de se renouveler. Dans L'amant, il explore avec panache une technique de narration polyphonique. Dans Monsieur Mani, il jette un long travelling sur cent cinquante ans de la vie d'une famille, entre Orient et Occident. Dans Voyage vers l'an mil, il peint deux communautés médiévales qui débattent sur la question de la bigamie. Et dans Le responsable des ressources humaines, il mêle plusieurs registres (philosophie, polar, réflexion politique) en racontant la tragique disparition d'une employée, tuée lors d'un attentat à Jérusalem, dont personne ne vient réclamer le corps, comme si elle n'avait plus de famille dans une société orpheline de ses espérances.
Quant au dernier roman de Yehoshua, Un feu amical, c'est une radiographie très fouillée des secrets - et de la complicité affective - d'un vieux couple qui résiste au temps, contre vents et marées. Avec, au coeur du livre, deux personnages emblématiques: un garçon fauché par la guerre et un homme qui, après s'être exilé en Afrique, a décidé de couper tout lien avec le patrimoine juif. D'un côté le sacrifice inutile et, de l'autre, la tentation de la fuite: ce récit de Yehoshua met en lumière des déchirements qui sont aussi ceux d'Israël. De ce pays, il dévoile les tourments avec une compassion admirable. Comme s'il veillait à son chevet, pour lui offrir un supplément d'âme.

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