samedi 12 avril 2008

EECTION ITALIENNE LES ENJEUX

Elections législatives en ItalieDuel sur fond de difficultés économiques Quelque 50 millions d’électeurs italiens se rendent aux urnes les 13 et 14 avril pour le scrutin législatif. Une élection avec un mode de scrutin compliqué, accusé de tous les maux, et deux chefs de file : Silvio Berlusconi pour le Peuple de la Liberté (PDL) et Walter Veltroni pour le Parti démocrate (PD).

L’Italie est rendue ingouvernable à cause d’un mode de scrutin difficile issu de la loi électorale adoptée en décembre 2005. Une majorité de 340 sièges sur 630 à la Chambre des Députés est automatiquement assignée au parti ou à la coalition qui obtient ne serait-ce qu’une voix de plus que son adversaire. C’est ainsi que la coalition de centre-gauche conduite par Romano Prodi avait obtenu cette majorité non-négligeable lors des législatives d’avril 2006, ne disposant que de 25.000 voix d’avance.En revanche, au Sénat, avec 315 sièges, la situation est autre : la prime au vainqueur est assignée sur une base régionale, l’Italie comptant au total 20 régions ; plus la région est peuplée, plus la prime est importante. Cette particularité-ci a permis à la coalition de Romano Prodi d’obtenir en 2006 la victoire finale au Sénat en nombre de sièges, deux de plus, en dépit d’un nombre moindre de suffrages populaires au niveau national. Le Sénat ayant exactement le même poids politique que la Chambre des Députés, l’obtention d’une large majorité au Sénat est donc rendue très incertaine même en cas de victoire populaire.Une économie atonePrincipal sujet de la campagne électorale : l’économie. Ralentissement de la croissance (1,5 % en 2007 contre 1,8% en 2006 et des prévisions à seulement 0,6% pour 2008), compétitivité mal en point, perte de confiance dans les institutions, c’est donc une Italie en proie à un profond malaise qui ira voter les 13 et 14 avril. Quelles en sont les raisons ? Une carence d’infrastructures, une dépendance énergétique abyssale, une fiscalité inadaptée et des dépenses publiques élevées et peu efficaces. La conjoncture est donc très morose en Italie et pour relancer la croissance, d’après l’éditorialiste d’Il Sole 24 Ore Alberto Quadrio Curzio, « un accord bipartisan sera nécessaire après les élections sur ces points essentiels ». Autre chantier à mettre en œuvre : combler le fossé qui sépare le nord du sud du pays, sur l’industrie de certains secteurs des services, d’autant plus que les départs des travailleurs qualifiés du sud vers le nord ont repris, accentuant ce fossé.S’ajoute à cela une situation difficile pour les ménages qui affichent un moral en berne, leur indice de confiance ayant touché son niveau le plus bas depuis quatre ans en mars. Le chômage, toutefois, est pourtant au plus bas (6,6% au dernier trimestre 2007) mais sa baisse s’est ralentie en fin d’année. Enfin, d’après un sondage publié fin mars dans le quotidien La Repubblica, un peu plus de la moitié des Italiens, 51,4%, estiment que leur situation économique personnelle s’est aggravée contre 36,1% en mars 2006.Un cas particulier dans l’économie italienne : Alitalia. La compagnie aérienne italienne est au bord de la faillite. Le 3 avril, le conseil d’administration d’Alitalia avait estimé que le rachat de la compagnie par Air France – KLM restait « adéquat pour assurer le retour à une croissance profitable ». Quant au conseil d’administration d’Air France – KLM, il a considéré que son projet était « le seul de nature à permettre le retour d’Alitalia à la croissance rentable dans des délais rapides ». Le plan de rachat par la compagnie franco-néerlandaise prévoit notamment 2.100 suppressions d’emplois, ce à quoi s’opposent la majorité des syndicats d’Alitalia.Les propositions économiques de la droite et du centre-gaucheLe Parti démocrate (PD) de Walter Veltroni prévoit de réduire l’impôt sur le revenu des salariés de trois points en trois ans à partir de 2009, d’instaurer un crédit d’impôts de 2.500 euros par enfant et des déductions d’impôts aux femmes salariées, en particulier dans le sud de l’Italie. A propos des retraites, le PD veut étudier un mécanisme permettant d’augmenter les pensions selon le coût de la vie, avec un bonus pour ces retraites dès le mois de juillet. Enfin, dernier grand chantier du PD, ramener la dette publique rapidement sous les 90% du PIB (104% actuellement) grâce à la vente d’actifs immobiliers.Le Parti de la Liberté (PDL) de Silvio Berlusconi, de son côté, entend défiscaliser les heures supplémentaires, les primes liées à la productivité ainsi que le treizième mois ; autre objectif, la suppression de la taxe foncière sur la résidence principale et l’introduction progressive d’un mécanisme de quotient familial. Pour les retraites de moins de 1.000 euros par mois, Silvio Berlusconi promet une indexation sur le coût de la vie et tout comme Walter Veltroni, il est favorable au cumul des salaires et des retraites. Dernier point du programme du PDL : la lutte contre la fraude fiscale, la diminution des dépenses publiques d’un point de PIB et la fin du recours aux amnisties fiscales.Enfin, sur la thématique des infrastructures en Italie, les deux camps se rejoignent sensiblement : moderniser le sud de la péninsule, renforcer les ports et accélérer le développement du réseau ferré à grande vitesse, notamment la ligne Lyon-Turin-Trieste.Les autres grands thèmes de campagneOutre l’économie, point central de la campagne législative, la question de la Sicile, et de la mafia en particulier, a bien occupé les débats. Thème majeur : l’impôt mafieux que la nouvelle génération de patrons et d’entrepreneurs refuse de plus en plus de payer. L’Etat est aujourd’hui plus fort contre la mafia, et les patrons n’hésitent désormais plus à porter plainte contre les mafiosi.En septembre 2007 par exemple, la Cofindustria, l’organisation des patrons en Italie, a franchi un pas décisif en annonçant l’exclusion de ses membres siciliens qui accepteraient de payer le pizzo, l’impôt mafieux, considéré par eux comme un « acte dommageable à la société et à l’économie ». Une quarantaine de patrons ont déjà été exclus de la Cofindustria. Le pizzo est aujourd’hui évalué à un milliard d’euros, environ 1,3% du PIB régional.Autre thème majeur, le Pacs italien, naufrage de l’ère Prodi, malgré une loi du 8 février 2007 reconnaissant des droits aux personnes vivant en couple, hétérosexuelles ou homosexuelles. Mais le débat déchire immédiatement le pays, notamment par le truchement du lobbying intense du Vatican et de l’Eglise. L’Italie est donc aujourd’hui l’un des rares pays européens à ignorer les droits des couples, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels.Parallèlement, l’Eglise italienne affiche sa neutralité mais laisse transparaître très clairement les valeurs pour lesquelles elle se bat : le mariage, l’opposition à l’avortement, le refus de l’euthanasie, des valeurs éthiques desquelles Silvio Berlusconi et Pier Fernando Casini, ancien du PDL et désormais chef de file du petit parti centriste UDC, sont proches. Plus en tout cas que Walter Veltroni.Qui sont les deux principaux candidats ?Silvio Berlusconi, 71 ans, dirige fermement la droite depuis son entrée fracassante en politique en 1993. Ses déclarations à l’emporte-pièce et son ton très populaire ont fait sa réputation. Il a été à la tête de deux gouvernements depuis 1994. En avril 2006, il a été battu d’extrême justesse par la coalition de Romano Prodi et il n’a jamais digéré cette défaite. Egalement magnat des médias et argentier du football, Berlusconi veut prendre sa revanche, en axant notamment sa campagne sur les faiblesses de ses adversaires de gauche, dénonçant leurs divisions et leurs promesses non-tenues de relance de l’économie. Berlusconi est toutefois apparu plus modéré au cours de cette campagne, reconnaissant même qu’il serait peut-être trop vieux pour gouverner et que les miracles n’existent pas.En face, Walter Veltroni, 52 ans, nouveau leader du centre-gauche, ancien maire de Rome, élu en 2001, réélu en 2006 et porté en octobre dernier à la tête du PD. Il se veut l’incarnation de la conversion au pragmatisme de la gauche italienne face à une droite fantasque incarnée par Berlusconi. Il est passé dans les années 90 du communisme au réformisme. Il a refusé toute alliance avec l’extrême-gauche et le centre, échaudé par l’expérience Prodi.Dans le jeu des alliances, à droite, les votes iront au PDL et à la Ligue du Nord, puissant allié régionaliste du nord de l’Italie. A gauche, les électeurs ont le choix entre le PD et la gauche « arc-en-ciel » qui regroupe communistes et Verts. Enfin, au centre, le petit parti catholique de l’UDC, mené par un ancien allié de Berlusconi, peut espérer jouer un rôle d’arbitre si aucune majorité ne se détache au Sénat. source arte

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